Sauvegarde Copernic
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Questions de patrimoine

Cette page réunit des documents traitant plus généralement des questions de patrimoine.

Lettre d'un architecte du
patrimoine


 Chers amis,
 
Je vous adresse, avec cette lettre, un dessin extrait  de mon carnet de croquis, que j’ai effectué au mois de mars dernier lors de mon séjour à Jérusalem. Je n’ai pas choisi ce dessin pour vous par hasard, il s’agit de la synagogue 'Hourva (qui signifie “ruine”) située dans le quartier juif de la vielle ville de Jérusalem. Vous allez voir que l’histoire mouvementée de la synagogue 'Hourva permet, selon moi, d’éclairer la noble cause que vous défendez  sous un jour nouveau…
 
Cette synagogue reconstruite il y a à peine une dizaine d’années, est située sur le site d’une première synagogue qui aurait été érigée au IIe siècle. Il est également question d’une synagogue érigée sur le même lieu au XIIIe siècle pour la communauté ashkénaze de Jérusalem.

En 1700, Yehouda he-Hassid arrive de Pologne avec sa communauté (près d’un millier de juifs) qui tentera de faire reconstruire, après sa mort, une synagogue sur cet emplacement avec un centre communautaire et des habitations. Interdit par les turcs, ce projet de reconstruction sera finalement accepté et entrepris moyennant d’importants versements et dons exigés par les pachas successifs du régime ottoman corrompu qui occupait alors Erets Israël. Incapable de s’acquitter de ces prélèvements arbitraires, la communauté sera contrainte de s’endetter en empruntant aux turcs à des taux exorbitants. Ne pouvant rembourser ces emprunts dans les délais impartis, la communauté ashkénaze de Jérusalem sera expulsée de la ville et les turcs mettront le feu au bâtiment en 1721, dont subsistera une ruine. À partir de là l’histoire se complique ; nombreuses tractations des juifs auprès des autorités pour obtenir l’autorisation de reconstruire qui n’aboutissent pas, tentatives d’annulation des dettes contractées auprès de l’occupant, désaccords et divergences de vues entre les différentes communautés juives présentes en Erets Israël et nouvellement émigrées pour pouvoir mener à bien le projet de reconstruction, mais surtout refus des turcs.

L’idée qui prime est que la reconstruction d’un édifice de culte représente un premier pas vers la reconstruction de la ville entière, condition sine qua non de la venue du Machia’h. Symbolique kabbalistique de la reconstruction d’un édifice à partir de ses ruines…, comme ce fut le cas à deux reprises suite aux attentats perpétrés contre la synagogue de la rue Copernic, en 1941, puis en 1980 !

Il faudra attendre le XIXe siècle avec la perte d’influence des ottomans, l’influence du gouvernement britannique et l’appui politique et financier de Moïse Montefiore pour que les turcs acceptent le principe d’une nouvelle reconstruction. Une collecte de fonds permettra de poser la première pierre de la nouvelle synagogue en 1857 et de la consacrer en 1864, en présence des Rothschild qui auront permis de mener le projet à son terme et d’en faire alors la plus grande synagogue de Jérusalem.
 
Bastion de la résistance juive et camp retranché de la Haganah durant la Guerre d’indépendance, la  synagogue sera intégralement détruite aux explosifs par la légion jordanienne en 1948.
 
En 1967, après la Guerre des Six jours et la réappropriation de la vieille ville, la question d’une nouvelle reconstruction se pose encore une fois. Un débat passionné divise alors les partisans d’une reconstruction à l’identique de ceux qui tentent de justifier une création moderne. Le devoir de mémoire implique-t-il une reconstruction à l’identique ou peut-il se réduire uniquement au lieu et à la fonction, quitte à construire un édifice de culte sans liens avec la construction préexistante.
 
Sujet sur lequel nous sommes en profond désaccord avec la position prise par le ministère de la culture le 27 septembre 2018, lorsqu’elle a statué en défaveur de notre demande d’inscription au titre des monuments historiques.
 
Le projet du grand architecte juif-américain, Louis Kahn, prévoyait un édifice hors du commun, d’une qualité architecturale exceptionnelle, bâti juste à côté des ruines qui devaient être conservées in situ en guise de témoignage.  Étrangement, je l’ai visité en rêve il y a très longtemps, si bien que j’ai été persuadé pendant longtemps que le projet avait été réalisé… peut-être trop audacieux, ce projet n’a pas été retenu, et n’a donc jamais vu le jour.
 
Plus tard, un autre projet de reconstruction jugé pas assez fidèle à l’original a été rejeté par Menahem Begin. Il faudra attendre l’an 2000 pour que les plans de la nouvelle synagogue soient enfin acceptés par le gouvernement israélien. Il s’agissait d’un projet de l’architecte de Jérusalem, Meltzer, qui déclarait : « aussi bien pour le respect de la mémoire historique du peuple juif que pour le respect de la zone à construire de la vieille ville, il est de notre devoir de restaurer la gloire perdue et de reconstruire la synagogue Hourva comme elle était».
 
Il a donc été acté par le gouvernement israélien une reconstruction à l’identique, justement en raison du devoir de mémoire et du respect de l’histoire. Étrange de constater le débat actuel autour de Notre-Dame de Paris entre conservateurs, partisans d’une reconstruction à l’identique, et volonté affichée d’“innover” et de transformer un édifice qui appartient au patrimoine mondial de l’humanité, quitte à ce que l’on s’affranchisse du devoir de mémoire et de transmission d’un chef d’œuvre de l’histoire aux générations futures.
 
La reconstruction débutera en 2005 et s’achèvera en 2010, le premier rabbin de la synagogue reconstruite sera Simha Ha-Cohen Kook (je ne connais pas son lien de parenté avec le rav Kook).
 
Le grand temple de Jérusalem n’a pas été rebâti depuis la destruction du 9 Av, et ne le sera sans doute jamais, en tout cas pas dans le contexte actuel… La synagogue Hourva, elle, a pu renaître de ses cendres et à plusieurs reprises. En se référant à cette histoire, comment ne pas faire le lien avec le combat que vous menez pour la préservation de la synagogue Copernic qui est aujourd’hui à nouveau menacée. Le paradoxe étant que cette menace vient cette fois-ci de l’intérieur, et non de l’ennemi babylonien, romain ou jordanien. Au moins, pour la dernière reconstruction de la 'Hourva, il y a eu un débat ouvert sur le sujet permettant d’aboutir à la bonne décision.
 
Puisse cette histoire vous inspirer pour la suite.  
Pierre WOZNICA, architecte du patrimoine

Photo

Une ville n’a pas le droit de détruire son histoire, les barbares seuls peuvent avoir ce triste privilège.
—  Marcel Lemarié, architecte de la synagogue Copernic 

En ce siècle où l’homme s’acharne à détruire d’innombrables formes vivantes, après tant de siècles dont la richesse et la diversité constituaient de temps immémorial, le plus clair de son patrimoine, jamais sans doute, il n’a été plus nécessaire de dire, comme le font les mythes, qu’un humanisme bien ordonné, ne commence pas par soi-même, mais place le monde avant la vie, la vie avant l’homme, le respect des autres avant l’amour-propre : et que même un séjour d’un ou deux millions d’années sur cette terre, puisque de toute façon il connaîtra un terme, ne saurait servir d’excuse à une espèce quelconque, fût-ce la nôtre, pour se l’approprier comme une chose et s’y conduire sans pudeur ni discrétion.
– Claude Lévi-Strauss, Mythologies 3 : l’origine des manières de table



La Charte de Venise


Jean-Marie Rouart:
« Monseigneur Aupetit, pitié pour Notre-Dame ! »

TRIBUNE - L’écrivain s’effare des projets de l’archevêque de Paris pour la cathédrale: remplacer les vitraux détruits dans l’incendie par des œuvres d’artistes contemporains, installer à la place des chaises des bancs conçus par des designers et créer un parcours lumineux.
Par Jean-Marie Rouart

Publié le 22/11/2020 à 19:11, mis à jour le 23/11/2020 à 11:04

Notre-Dame a, Dieu merci, échappé à la destruction par le feu. Elle a échappé tout au long de sa longue histoire à tous les périls qui la menaçaient : les guerres de Religion, les fureurs anticléricales du Comité de salut public, l’invasion des cosaques en 1815, les folies destructrices de la Commune de Paris, la « grosse Bertha » pendant la Première Guerre mondiale. Chef-d’œuvre de l’architecture médiévale, elle a été sauvée in extremis de la décrépitude, voire de la démolition, par les efforts conjugués de Victor Hugo, de Mérimée et de Viollet-le-Duc. Elle a échappé miraculeusement à tout. Peut-être pas, hélas, au prurit réformiste de Mgr Aupetit, l’archevêque de Paris, qu’une soudaine illumination, d’une folle originalité il faut l’admettre, a converti comme tout un chacun à la mode de la création contemporaine. Ce prélat gentilhomme ne souhaite rien de moins que donner une touche moderne à la cathédrale en demandant à des artistes contemporains de remplacer les vitraux détruits par des œuvres de leur cru, d’installer des bancs conçus par des designers ainsi que des parcours lumineux psychédéliques pour guider les visiteurs. Bref, une Notre-Dame reloukée, pour parler le jargon du temps. Il ne s’agit pas, entendons-nous bien, de saisir ce prétexte pour jeter l’anathème sur l’art contemporain, qu’on ne peut juger en bloc puisqu’il revêt des expressions artistiques et des talents trop divers pour qu’on ait le ridicule de l’englober dans le même injuste opprobre.

La question est ailleurs. Elle dépasse la mitre de cette respectable Éminence soudain saisie par la fièvre artistique comme tant d’autres de ses prédécesseurs qui, à l’instar du cardinal Mazarin, ont su allier passion de l’art et génie politique. Mais il est à craindre que ses inspirateurs ne soient pas ces hommes d’Église hors pair, papes ou cardinaux, qui, doués d’une fabuleuse intuition artistique, nous ont donné la chapelle Sixtine ou l’église du Redentore de Venise, et mille autres chefs-d’œuvre. On peut craindre qu’il s’agisse plutôt d’un plat conformisme aux lubies de notre temps, qui a érigé le progressisme en matière artistique comme un article de foi.

Religion simple et facile qui a amené tant d’édiles provinciaux à massacrer en toute bonne conscience les monuments qu’ils avaient la charge et le devoir de préserver. Pour prendre un exemple parmi une multitude, cette monstrueuse et inepte gare d’Amiens, œuvre d’un maire iconoclaste, qui défigure à jamais la magnifique tour érigée par Auguste Perret. À ce vandalisme d’État on pourrait ajouter la longue théorie des chefs-d’œuvre architecturaux odieusement violentés: le Palais de la Porte Dorée, à Paris, merveille de l’Art déco due au talent d’Albert Laprade et du sculpteur Alfred Jeanniot, qui, en contravention à son classement au titre des monuments historiques, a vu sa façade et sa décoration intérieure malmenées par un ancien ministre en mal de singularité. Ou encore, dernier sacrilège, les œuvres du plasticien Anselm Kiefer, quel que soit par ailleurs son talent, qui, apparaissant comme des verrues malvenues, viennent de défigurer l’église du Panthéon, chef-d’oeuvre de Germain Soufflot. Et ce à l’instigation du président de la République lui-même, qui devrait pourtant donner l’exemple en matière de préservation du patrimoine ; caprice désinvolte du Prince qui ne provoque que l’indignation d’un grand et courageux critique d’art, Didier Rykner, dans La Tribune de l’art.

Mgr Aupetit pourrait lire avec profit les réflexions d’un artiste qui devrait lui plaire, lui qui se flatte de vouloir ne pas rater le dernier métro de l’air du temps: Salvador Dali, ancien surréaliste et donc de ce fait orfèvre en «modernité» s’il en est, qui, dans son pamphlet Les Cocus du vieil art moderne, s’exclame: « Ô peintre, ne te préoccupe pas d’être moderne, tu le seras hélas forcément. » Ce que Dali met en lumière, c’est le minimum de modestie et de respect qui devrait être le nôtre devant les grands artistes qui nous ont précédés. Une modestie qui devrait nous inciter à respecter la cohérence et l’intégrité de leurs œuvres. Que notre époque puisse être à sa manière une pourvoyeuse de grands artistes, c’est l’évidence, même si la conception de l’art à laquelle ils se réfèrent, le plus souvent en rupture, devrait nous conduire, tout en les admirant pour ce qu’ils sont, à éviter de les utiliser en en faisant la matière d’expérimentations douteuses. Où est l’intérêt de se servir d’eux comme d’adjuvants parasites à des chefs-d’œuvre anciens, fruits de la longue tradition du passé ?

Notre-Dame illustre plus qu’aucun autre monument non seulement l’histoire de la France, mais une idée de sa mission qui la déborde: elle est le symbole d’une réconciliation de son enracinement profond, essentiel, dans les valeurs chrétiennes par le truchement de cette leçon tirée des Grecs et des Romains: diffuser la vérité par la beauté, et de sa récupération par la République en mal de spirituel. Laïque dans sa lettre et au fond assez peu dans son esprit, celle-ci n’a pas hésité à assister en grande pompe, dans la tradition jésuitique des accommodements, à des Te Deum pour célébrer la victoire de 14-18 et celle de la Libération. Et même, plus surprenant et plus schizophrénique encore, Paul Reynaud et son gouvernement au grand complet sont même venus à Notre-Dame y implorer Notre Seigneur, le 19 mai 1940, témoignant que, lorsque les ressources militaires se révélaient défaillantes devant les armes allemandes, les caciques de la Troisième République n’avaient plus comme secours que de venir y demander un miracle. Ils n’hésitaient pas à abdiquer leur laïcisme en cherchant un ultime refuge du côté de Jeanne d’Arc et des puissances surnaturelles.

Redorer le blason d’une Église qui a du plomb dans l’aile

Que Mgr Aupetit cherche pour redorer le blason d’une Église qui a du plomb dans l’aile à se conformer aux modes des entreprises en mal de publicité qui succombent aux incantations managériales en s’exclamant à bout d’argument « du moderne! du moderne!», c’est son problème, celui d’un homme qui craint de ne pas être au goût du jour. Ce n’est pas pour autant qu’il doit nous confisquer une cathédrale qui ne lui appartient pas, à lui, mais à la nation tout entière, en la livrant à des turlutaines artistiques susceptibles de la dénaturer, de gâcher nos souvenirs, d’abîmer à jamais l’esprit et l’âme qui flottaient dans ce lieu sacré. Et les exemples qui nous sont donnés du traitement réservé aux églises de France, qui se vident de fidèles et d’objets d’art sacrés en proportion du commerce florissant des antiquaires, malheureuses victimes de la simonie ou pire encore des manies décoratrices de prêtres qui se croient à la page, ne sont pas là pour nous rassurer.

Si Mgr Aupetit veut être à tout prix original, qu’il dédaigne les sirènes d’un pseudo-avant-gardisme en exorcisant son démon pernicieux de la mode qui lui fait emprunter imprudemment une livrée d’esthète qui sent le prêt-à-porter, et qu’il s’en retourne plus légitimement vers les véritables missions délaissées de l’Église: l’aide à la misère qu’elle a abandonnée aux Restaurants du cœur de Coluche ; qu’il suive, à l’exemple de saint Vincent de Paul, le modèle de ces admirables prêtres comme le père Talvas, le père Giros, qui ont usé leur soutane en secourant de tout leur grand cœur les créatures les plus défavorisées, qui, à l’instar des prostituées, composent un peuple de l’abîme. Quant à Notre-Dame, qui porte si bien son nom puisqu’elle nous appartient, que Son Éminence n’ait pas d’autre ambition que de respecter son passé en cherchant simplement à la rendre telle qu’elle était, aussi identique que possible, certes abîmée, mais conservant ce qui importe le plus et émane si fortement de ses voûtes de pierres: son âme éternelle, qui nous parle toujours.

Les architectes Denis Valode et Jean Pistre : “Notre-Dame doit être reconstruite exactement à l’identique !”


Observation APPC :
Il est étonnant que les architectes Valode et Pistre soutiennent ici la restauration de Notre-Dame à l'identique, alors que leur projet pour la synagogue de Copernic est un bâtiment destiné à s'élever sur les décombres de l'édifice historique.

Denis Valode et Jean Pistre, qui dirigent la première agence d’architecture de France, s’insurgent contre les velléités de certains de leurs confrères à vouloir moderniser Notre-Dame de Paris à l’occasion de sa reconstruction. Moins médiatiques que certains “starchitectes” français, ils multiplient pourtant les projets aux quatre coins du monde, du parc des exposition géant de Shenzen aux abords du futur plus haut gratte-ciel du monde (1 km) à Jeddah, en Arabie saoudite. (lire ici)

Ils ont conçu des tours en Russie, au Liban, au Maroc, en Chine, mais aussi à Lyon ou à la Défense. On leur doit la rénovation de la Grande Arche dans le quartier d’affaires francilien et la prochaine métamorphose de la gare du Nord à Paris. Ainsi que deux futures gares du Grand Paris Express. Ou encore le stade modulable Pierre-Mauroy à Lille, le nouveau Parc des expositions de la porte de Versailles, un projet d’extension de Monaco sur la mer… Ce qui ne les empêchent pas de s’ériger en défenseurs du patrimoine.

Faut-il reconstruire Notre-Dame strictement à l’identique ou peut-on se permettre d’y intégrer une touche contemporaine ?
Notre-Dame doit être reconstruite exactement à l’identique! Nous devons avoir le courage et l’humilité de la refaire comme elle était avant l’incendie. C’est avec effarement que nous voyons surgir cette polémique : il est absurde de vouloir recréer artificiellement la querelle des anciens et des modernes. On nous parle du Reichstag à Berlin, mais cela n’a rien à voir : ce bâtiment politique avait été brûlé par les nazis, il fallait écrire une nouvelle page d’histoire en le reconstruisant autrement. Au contraire, Notre-Dame est l’emblème de Paris, un symbole pour tous les Français. C’est une icône de neuf siècles que nous avons reçue en héritage et que nous devons réparer puisque nous n’avons pas été capables de la préserver. Il faut absolument éviter l’organisation d’un concours international, avec des architectes venus du monde entier, qui ne connaissent pas le sujet et voudront en profiter pour greffer sur le bâtiment une créativité architecturale malvenue. Le risque, c’est la posture.

Est-il seulement possible de reproduire une cathédrale parfaitement semblable ?
Bien sûr ! La magnifique flèche de Viollet-le-Duc, la toiture, la charpente peuvent très bien être reconstituées à l’identique, avec les mêmes matériaux. Saisissons-nous de cette occasion pour montrer que nous en sommes capables. Nous disposons en France de tous les savoir-faire, tous les artisans qualifiés, tous les moyens nécessaires. On nous dit qu’il est impossible de trouver autant de bois de qualité : c’est faux! Pour reconstruire la charpente, 1 500 m3 de chêne seront requis, soit 4 000 m3 en comptant les chutes. En France, nous produisons des quantités de chêne 200 fois plus importantes chaque année. La forêt de Tronçais, dans l’Allier, dispose de la plus belle futaie de chênes d’Europe, y compris des arbres plantés par Colbert il y a 350 ans.

Mais peut-on reconstruire à l’identique… en cinq ans ?
Ça, c’est une autre histoire. Mais il n’y a aucune raison pour qu’une charpente en chêne soit plus longue à bâtir qu’une charpente en métal ; en béton, c’est encore plus long. On nous dit qu’il faut faire sécher le bois 20 ans : là encore, c’est faux! Il existe aujourd’hui des techniques de séchage très rapides. Après, il est toujours possible de changer un ou deux détails, tel ou tel vitrail, par exemple. Il faudra aussi installer un super-système de détection incendie. Mais, nous n’avons pas besoin de “starchitectes” qui rêvent de profiter du naufrage de la cathédrale pour aller y implanter de la contemporanéité sous prétexte qu’il faudrait aller vite. En ce sens, nous sommes en complet désaccord avec nos confrères Jean-Michel Wilmotte ou Dominique Perrault, qui veulent utiliser des matériaux de construction modernes, du métal, du béton, du titane….

Le Journal du dimanche,
16h54 , le 21 avril 2019



Un soutien total mais vigilant à la reconstruction
de la cathédrale Notre-Dame de Paris

Photo
© Eric Feferberg – AFP
19/04/2019 | Filed under: Actualités, Artisanat et Savoir-faire, Droit et patrimoine, Editos, Editos 2019, Île-de-France, Patrimoine en danger, Patrimoine mondial, Politiques publiques, Régions, Thématiques, Tourisme, Vie associative and tagged with: Notre-Dame de Paris
(<http://www.patrimoine-environnement.fr/un-soutien-total-mais-vigilant-a-la-reconstruction-de-la-cathedrale-notre-dame-de-paris
>)

Le soir du lundi 15 avril, nous avons vu brûler Notre-Dame de Paris sous nos yeux impuissants, avec stupeur, d’abord, puis sidération, inquiétude ensuite. Nous avons été frappés par la profonde communion d’une foule immense venue spontanément sur les lieux supplier qu’un terme soit mis à cette souffrance insoutenable. Nous avons aussi mesuré cette autre foule, encore plus nombreuse, qui pleurait devant des images terribles retransmises sur les écrans du monde entier. Nous avons admiré le courage des sapeurs-pompiers face à la puissance désastreuse d’un incendie insatiable, et l’organisation plutôt efficace du sauvetage des trésors de la cathédrale. Nous avons également apprécié l’élan de générosité que nous encourageons et qui, dépassant largement nos frontières, témoigne de l’universalité de cet édifice emblématique.

Nous avons également interrogé notre propre émotion. De quoi nous parle Notre-Dame de Paris ? Sur quoi repose son universalité ? Pour tenter l’explication, ont été tour à tour évoqués, ici ou là, la sacralité d’un temple chrétien, phare spirituel d’une grande capitale, la légende glorieuse des bâtisseurs de cathédrales gothiques, la mémoire d’un édifice qui a traversé les siècles et qui a épousé les grandes heures de l’Histoire nationale, la célébrité du monument le plus visité en Europe, l’inquiétude pour son prestigieux trésor et le succès planétaire de l’œuvre phénoménale de Victor Hugo et de ses dérivés… Toutes ces réponses sont valables. Mais ce que révèle le drame semble encore plus profond : l’inattendue fragilité de nos repères, de ce que nous croyons inébranlable et permanent, et qu’en réalité nous avons sans cesse à nourrir et à entretenir.

Après le temps de la communion face au drame vécu collectivement, vient le temps des questions. Il a lui aussi son importance car des réponses viendront l’apaisement et la résilience face au traumatisme subit. C’est à cet exercice que, dans son adresse à la Nation mardi 16 avril, le président Emmanuel Macron, s’est employé. Fonction oblige. Après avoir salué les élans de communion, de bravoure (des pompiers) et de solidarité face au drame qui venait de surgir, le président de la République a notamment déclaré : « chacun a donné ce qu’il a pu, chacun à sa place, chacun dans son rôle, et je vous le dis ce soir avec force nous sommes ce peuple de bâtisseurs. Nous avons tant à reconstruire. Alors oui, nous rebâtirons la cathédrale Notre-Dame plus belle encore… ».

Certes, nous reconnaissons à notre nation un génie édificateur, un génie sauveteur aussi. L’incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris, n’est pas le premier qui affecte nos cathédrales et nos monuments historiques. Nous avons encore en mémoire les désastres par le feu de la cathédrale de Nantes ou du château de Lunéville, sans oublier d’autres victimes plus modestes mais tout aussi chères à ceux qui les côtoient, telles les églises de Trémel (Côtes d’Armor), de Bouillé-Loretz (Deux-Sèvres) ou de Saint-Martin-le-Beau (Indre-et-Loire) pour ne citer qu’elles.

Si « notre peuple » sait construire et reconstruire, les associations de sauvegarde du patrimoine sont aussi bien placées pour reconnaître combien nous sommes moins enclins à entretenir. Plus loin dans son adresse, le Président annonce « une cathédrale plus belle qu’avant », tout en prévenant : « Après le temps de l’épreuve viendra celui de la réflexion, puis celui de l’action, mais ne les mélangeons pas. Ne nous laissons pas prendre au piège de la hâte. » Mais alors pourquoi vouloir la rebâtir en seulement cinq ans ? Il ne s’agit pas là de polémiquer par principe, mais davantage de soulever une inquiétude naissante : forts d’une leçon que tout bénévole au chevet d’un monument en péril connaît, la précipitation est mauvaise conseillère. Restaurer un monument, d’autant plus emblématique soit-il, prend nécessairement du temps. La durée est souvent le prix de la qualité de la rénovation ; Du temps est également indispensable au consensus nécessaire avant la décision de la bonne solution. D’autant plus que les choix seront difficiles, étant non seulement esthétiques, techniques et économiques, mais tout autant historiques, symboliques, spirituels, écologiques… À n’en pas douter, une vigilance saine et constructive sera exercée, dans la durée, y compris après l’émotion passée, par les associations de sauvegarde et de valorisation du patrimoine. À côté d’elles et dans la durée, Patrimoine-Environnement sera là pour aider à une reconstruction intelligente et respectueuse de ce que fut et doit demeurer Notre-Dame de Paris.
                                                                                                         Benoit de Sagazan
                                                                                                        Vice-président de la Fédération Patrimoine-Environnement

Un moment Art Déco rénové

Les monuments Art Déco font partie de notre patrimoine, ainsi qu'en témoigne la récente réhabilitation de la Salle Sthrau.
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Un escalier pour défigurer un édifice historique
Le Canard enchaîné

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Questions administratives

LA SUPPRESSION DE « L'AVIS CONFORME » DES ARCHITECTES DES BÂTIMENTS DE FRANCE ?
24/11/2017 |

Discussion obligatoire !

Un article du Canard Enchainé daté du 22 novembre laisse entrevoir une fois encore, au travers de l’élaboration en cours du projet de loi logement, la perspective de la suppression de « l’avis conforme » de l’architecte des bâtiments de France.

Nous pensions que les débats riches, nombreux et parfois enflammés qui s’étaient tenus tant à l’Assemblée Nationale qu’au Sénat en 2009, autour de la loi Grenelle II puis l’année dernière, qui a vu naître du consensus la loi du 7 juillet 2016 relative à la « Liberté de Création, à l’Architecture et au Patrimoine » en juillet 2016, avaient démontré la pertinence du positionnement de l’ABF dans le dispositif de préservation et de valorisation des espaces protégés en France.
Nous pensions que le sort de « l’avis simple » de l’ABF avait été réglé par le législateur qui, au travers des dispositions de la loi du 8 août 2016 pour la « reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages » a acté le caractère insuffisant de cette forme d’avis de l’administration. Ce dernier a d’ailleurs demandé aux services d’engager une campagne de désinscription des sites inscrits les plus dégradés d’une part, et de transformation des autres en des outils plus efficients (sites classés ou sites patrimoniaux remarquables). L’une des tables rondes des récentes Journées Juridiques du Patrimoine était d’ailleurs consacrée à ce sujet.
Il semble donc que le débat doive être rouvert, au nom de la simplification et de la rapidité de délivrance des autorisations d’urbanisme.
Entendons-nous tout d’abord sur trois points :
– Les avis des ABF sont émis en moyenne en 30 jours, soit en temps masqué largement dans le temps d’instruction administratif « normal » des dossiers par les communes.
– Les avis émis par les ABF empêchent statistiquement moins de 0,1% des projets. En réalité, les avis défavorables conduisent à modifier le projet de façon à permettre sa meilleure intégration au sein des sites. Il est ainsi accepté… après discussion.
– Les recours à l’encontre des avis émis par les ABF – qui sont possible à la fois par les demandeurs et par les maires, représentent moins de 0,01% des avis émis. En réalité, les recours auprès de l’ABF existent, et se traduisent par un échange et une modification du projet de façon à permettre sa meilleure intégration au sein des sites. Ils sont ainsi acceptés… après discussion.


Cet « accord », nous avons essayé d’en faire la démonstration, n’est objectivement pas bloquant… in fine. Car nous entendons bien les critiques, et force est de constater que certains projets déchainent les passions autour de l’avis trop – ou pas assez – de l’ABF ou de l’administration de la culture ! À chaque fois nous pourrons en trouver l’origine dans un manque de concertation : soit au préalable du porteur de projet vers l’ABF, soit – il nous faut aussi savoir faire notre autocritique – a posteriori de l’ABF vers le porteur de projet. De ce manque de dialogue naît chaque fois le conflit, le blocage des projets et les crispations infructueuses…
C’était tout l’enjeu de la loi LCAP de poser les bases d’une organisation administrative du patrimoine clarifiée et plus efficiente ; c’est tout le sens de la stratégie pluriannuelle pour le patrimoine annoncée le 17 septembre par la Ministre de la Culture que de mettre en œuvre ces dispositifs, destinés en particulier à tirer un meilleur bénéfice du rôle de conseil que l’ABF remplit si bien lorsqu’il en a effectivement la possibilité  et rendre obligatoire la discussion entre porteurs de projets et ABF !


                                                    Fabien SENECHAL
                                                    Président de l‘ANABF
                                                    Consulter le texte d'origine ici.
Photo
L'article paru dans Le Canard enchaîné.

Les ABF (encore) dans le collimateur

Lire ici un texte sur le projet de loi dit « ELAN », relative à l’évolution du logement, de l’aménagement et du numérique.

Un contre-exemple regrettable :
une synagogue démolie

La synagogue de la rue Kageneck, Strasbourg, de la communauté Etz 'Haïm. Lisez l'histoire ici.

Accessibilité handicapés

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LE TEMPS DES COMMISSIONS

La loi « Liberté de création architecture et Patrimoine » du 7 juillet 2016 a profondément modifié l’organisation des commissions qui traditionnellement œuvraient dans le domaine du patrimoine architectural.

Les nouvelles CRPA et CNPA

Ainsi elle a créé une seule « Commission Nationale du Patrimoine et de l’Architecture » aux lieux et places de l’ancienne Commission nationale des monuments historiques, de la Commission nationale des secteurs sauvegardés, et du Comité des parcs et jardins.

Cette structure qui comprendra sept sections a vu ses pouvoirs consultatifs augmentés. Elle est présidée par un élu national choisi par la Ministre de la Culture entre les deux représentants des assemblées parlementaires : c’est Jean Pierre LELEUX, sénateur ancien maire de Grasse qui exercera cette fonction après avoir été un excellent président de l’ancienne commission des secteurs sauvegardés, tandis que l’Assemblée nationale sera représentée par Jacqueline DUBOIS, nouvelle députée LRM de la Dordogne. Qui fera ses premiers pas dans la Commission.

Au niveau régional, il existe désormais aussi une seule commission rassemblant l’ancienne commission régionale du Patrimoine et des Sites et les anciennes commissions départementales des objets mobiliers. Cette nouvelle instance sera présidée également par un élu national ou local désigné par le préfet de Région. Elle comportera trois sections chargées respectivement de la protection, des travaux et des objets mobiliers.

La représentation de Patrimoine-Environnement dans les Commissions

La nouveauté importante que nous avons portée devant le Parlement avec succès est la création dans chaque section nationale ou régionale d’un collège des associations, distinct du collège dit « des personnes qualifiées ».

Patrimoine-Environnement a beaucoup travaillé depuis la parution des décrets d’application pour être représenté tant au niveau national qu’au niveau régional. Grâce au travail du bureau national et de nos infatigables délégués régionaux, le résultat est très satisfaisant.

Ainsi dans la commission nationale : nous avons des représentants directs dans deux sections, celle des sites patrimoniaux remarquables et celle des parcs et jardins ; et indirects dans la section des instruments de musique dans laquelle un membre de la Société Française de Campanologie, membre de notre fédération, a été désigné et dans la section travaux où siègeront le président de Rempart et l’ancien président de Maisons Paysannes de France, tous deux administrateurs de Patrimoine-Environnement.

Au plan régional nous sommes représentés dans toutes les commissions métropolitaines sauf en Corse et dans la Région Centre Val de Loire.

Une session de formation

Toutes les commissions vont avoir beaucoup de travail dans la mesure où les dossiers se sont accumulés en attente des nominations parlementaires. La possibilité de saisine d’office, et de mise en œuvre de procédures d’évaluation devraient faire de ces nouvelles instances de bons instruments. C’est pourquoi nous voulons y être représentés par les délégués, qui seront présents et actifs.

Nous organiserons donc une session de formation début mars à Paris pour tous les délégués aux commissions nationales ou régionales au cours de laquelle les plus expérimentés pourront passer leur savoir aux novices. Nous transmettrons pour notre part les informations juridiques et procédurales indispensables : bien entendu, notre session est ouverte afin que la meilleure entente possible règne entre les représentants de Patrimoine-Environnement et ceux des autres associations du collège. En particulier celles qui partagent nos positions et spécialement, l’attitude positive et constructive que nous voulons faire percevoir et entendre par les élus et les fonctionnaires.

Nous pensons de plus fort que vous toutes et vous tous, lecteurs de nos chroniques bimensuelles, pouvez et devez alimenter de vos informations et avis les dossiers qui seront traités par les nouveaux commissaires. Ainsi leur expression ne sera pas seulement celle d’experts membres d’un cénacle, mais aussi de vrais représentants de cette fameuse société civile dont on nous parle tant.

                           Alain de la Bretesche

                           Président de Patrimoine-Environnement
                           07/12/2017. Consulter l'original ici.

Formation

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Architecture et urbanisme à Paris

La Samaritaine

La Samaritaine, par-delà le bien et le mal.
Comme le titrait Jean-Jacques Larochelle dans un édito engagé du journal Le Monde, le projet de l’équipe japonaise SANAA pour la réhabilitation de la Samaritaine est soit une « façade tout en transparence pour les uns, « rideau de douche » pour les autres ». Le débat entre les pour et les contre qu’on pensait terminé a été relancé par la décision du tribunal administratif de la semaine dernière invalidant le permis de construire du projet Samaritaine relatif à l’îlot Rivoli. De Christian de Portzamparc à l’Académie d’architecture, les architectes se mobilisent pour la défense de SANAA tandis que la Société pour la Protection des Paysages et de l’Esthétique de la France (SPPEF), qui avait posé le recours contre le permis de construire, elle, se félicitait du jugement. Le débat se déplace donc doucement vers une lutte entre les gentils contemporains progressistes et les méchants conservateurs réactionnaires, mais est-ce si simple que cela ? Je ne le crois pas. Démonstration.

Une décision de justice motivée. 
Ce qui est intéressant dans la décision justice, c’est la réelle motivation de celle-ci qui va au-delà de la caricature faite par les défenseurs du projet de SANAA. Mais qui l’a réellement lue et comprise ? Pour celles et ceux que cela intéresse, elle est disponible ici. Que nous dit-elle exactement ? Que le jugement est fondé sur le droit et non sur des critères esthétiques contrairement à ce qu’affirme un ancien ministre de la culture qui aurait mieux fait de se taire. Que le permis de construire contrevient à l’article UG.11.1.3 du PLU parisien. Qu’en aucun cas, cet article n’oblige  » le mimétisme des façades et que l’architecture contemporaine a sa place à Paris », mais qu’il convient néanmoins de respecter le « tissu existant, en prenant en compte les particularités morphologiques et typologiques des quartiers ». Dénigrer le jugement en estimant que le tribunal avait une  » approche étroite « , c’est se tromper de combat. Preuve en est, c’est ce même tribunal qui a rejeté le recours contre les deux autres permis de construire des îlots « Sauvage » et « Seine ». Le tribunal administratif n’est pas là pour juger du beau ou du laid, mais du droit. L’étroitesse d’esprit ne vient pas, comme nous allons le voir, de ceux que l’on croit.
Une double faute politique. 
Dans son jugement, le tribunal administratif a démontré qu’il y avait une méconnaissance de l’article UG.11.1.3 du PLU parisien pour justifier l’annulation du permis de construire. Les gentils contemporains progressistes y voient un jugement esthétique alors qu’il n’est question que droit. Le vrai débat serait de critiquer, non pas le décision de justice, mais la nature même de cet article du PLU. C’est lui qui est restrictif, limitatif, qui cloisonne, plus qu’il n’ouvre. La mairie de Paris ne peut s’en prévaloir quand cela l’arrange pour un projet de petite ampleur et s’asseoir dessus quand cela sert ses intérêts et ceux des groupes privés puissants. Il ne doit pas y avoir pas de grands architectes Pritzkerisés autorisés à tout – quand bien même la justesse, l’intelligence ou la qualité de leur projet, la question n’est pas là-  et d’autres architectes, plus modestes, obligés eux d’ajuster leur projet au bon vouloir de l’instructeur ou de l’Architecte des bâtiments de France. Par ailleurs, l’autre faute résulte de la place des citoyens dans le débat public. Non pas que cela soit une faute en soi mais on ne peut d’un côté valoriser le débat participatif, inviter les Parisiens à venir débattre, à s’emparer des sujet qui les concernent et de l’autre côté, rejeter l’avis – en l’occurrence le SPPEF dans le cas concerné – de ceux qui ne sont pas d’accord avec vous.
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En conclusion, le débat ne doit pas se situer pas entre les gentils contemporains progressistes et les méchants conservateurs réactionnaires, entre le bien et le mal, entre le beau et le laid, mais entre le politique et le droit. Si les architectes trouvent que le PLU parisien ne permet pas de faire de l’architecture contemporaine, qu’ils se battent pour le faire changer. Opposer aux requérants une supposée modernité du fait que le projet de la Samaritaine soit de SANAA résulte d’une vision étriquée et réduite de ce que devrait être le débat et la place de l’architecture contemporaine à Paris. Par ailleurs, il est regrettable que le SPPEF ne s’attaque systématiquement qu’à des projets de grandes ampleurs, médiatiquement porteur alors que tous les jours, la laideur gagne du terrain de Paris comme le souligne avec justesse  le réalisateur Jean-Pierre Jeunet dans une interview donnée à 20 minutes en janvier dernier : « Le long-métrage français, c’est quand même à 90% l’apothéose de la laideur et ça ne dérange personne. J’appelle ça le syndrome de la Pyramide du Louvre et des chiottes Decaux. La pyramide du Louvre, en verre, ça ne peut pas être plus beau et ça avait fait tout un scandale. Les chiottes Decaux, c’était des horreurs, mais j’ai jamais lu une critique négative. La laideur ne dérange personne et la beauté choque, et ça c’est très français. »

La pierre de taille

RÉALISATION D'UN PAVILLON EXPÉRIMENTAL EN PIERRE DE TAILLE, MATÉRIAU LOCAL ET RÉUTILISABLE SI EMBLÉMATIQUE DE LA CAPITALE

Créé en 2015, le Collectif Pierre réunit différentes compétences (architectes, ingénieurs, compagnons tailleurs de pierre, appareilleurs) autour de l’envie de réhabiliter le matériau pierre dans l’architecture et la construction contemporaine. Son ambition est à la fois théorique, pédagogique, et pratique. Il s’attache à décloisonner des savoirs et compétences aujourd’hui majoritairement confinés à la restauration du Patrimoine et à les irriguer dans le champ de l’architecture contemporaine
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La Ville de Paris tire en grande partie son unité et son identité de la présence du matériau pierre. De sa création jusqu’au milieu du XXe siècle, la pierre a fait partie des matériaux de construction de prédilection en raison de l’importante présence de pierre calcaire sur son territoire. Si la ville en se développant s’est peu à peu installée sur ses carrières, d’autres gisements en activité perdurent encore aujourd’hui, à l’instar des carrières de Saint-Maximin dans l’Oise ou de celles de Noyant à la frontière de l’Île-de-France et de la Picardie.

Alors qu’au XIXe siècle la transformation de Paris en capitale moderne s’est appuyée sur un cahier des charges très précis de matériaux pour l’architecture et l’espace public, force est de constater que la question des matériaux à employer dans la réalisation du Grand Paris est reléguée à un second plan. Ainsi, bien que le mode de production de la ville contemporaine se soit radicalement transformé comparé à celui du XIXe siècle, l’usage de la pierre est toujours pertinent pour le collectif Pierre.

Dans le contexte actuel d’indispensable prise en compte des enjeux environnementaux, la question du réemploi du matériau pierre trouve un écho particulier. En tant que matériau naturel et local, il ne nécessite aucune énergie pour sa fabrication, peu pour son façonnage et son transport, et se distingue par ses qualités naturelles d’inertie thermique et de pérennité. Comme en témoigne l’important patrimoine en pierre, ce matériau s’illustre par sa capacité à durer dans le temps, à être réemployé, ou facilement recyclé, et par là-même permet de poser un autre regard sur le développement durable.

De nos jours, les techniques de façonnage et de mise en œuvre du matériau pierre perdurent et se modernisent notamment par l’utilisation de nouvelles technologies (robotique, 3d).  Pourtant ces savoir-faire d’excellence si spécifiques à la France restent essentiellement cantonnés aux chantiers de restauration du patrimoine.  De même, les carrières de pierre de la région parisienne ont optimisé leur système d’extraction mais ne trouvent que peu de marchés en dehors des chantiers de restauration des monuments historiques, au point qu’il leur est aujourd’hui parfois plus rentable d’en faire du granulat pour la fabrication du béton ou de libérer des espaces d’enfouissement pour stocker des déchets inertes.

En d’autres termes, l’usage du matériau n’a paradoxalement jamais été aussi anecdotique alors que les techniques d’extraction et de façonnage n’ont jamais été aussi perfectionnées et son coût par là-même maîtrisé.

Leur candidature à Faire Paris s'inscrit dans le prolongement d’un workshop ayant pris place en avril 2016 à l’Atelier International du Grand Paris. Mu par la volonté de questionner la possibilité d’un usage contemporain du matériau, ils ont réuni à cette occasion étudiants, architectes et acteurs de la filière pierre (constructeurs, carriers, entreprises…) désireux de partager leurs connaissances et leurs savoir-faire.

Faire Paris représente pour le collectif Pierre  l’opportunité unique de poursuivre cette expérience et de confronter ces réflexions à la réalisation d’un prototype échelle 1, de pousser les technologies de façonnage pour permettre d’inventer de nouvelles formes et ornements et d’amener le public à poser un regard nouveau sur ce matériau local et réutilisable si emblématique de la capitale.

Source ici.



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