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Témoignage d'un résident du quartier

Toute personne adhérant à une religion a droit au réconfort de sa foi, et à la possibilité de rendre celle-ci plus vivante. Rénover un lieu de culte, pour mieux l’adapter aux prières des fidèles, paraît donc un processus naturel.


Rénover oui, mais faut-il rénover au prix de détruire ? Ce verbe contient une agressivité embarrassante qui, pour ma part, paraît difficilement compatible avec la notion de réconfort… Tenter d’assurer l’unité d’un groupe en détruisant un lieu de culte, est-ce un sentiment compatible avec une piété respectueuse ? Oui peut-être, à la condition de vouloir affirmer sa puissance matérielle : en érigeant, après la destruction, un édifice plus « éclatant ».


Le quartier Copernic est très dense quant au nombre de ses habitants : y vivent des personnes toutes aussi humaines que les fidèles de la synagogue, et tout être, habité par une spiritualité vivante, devrait s’interdire de cloisonner notre espèce en des catégories qui empêchent tout échange convivial.


Or l’insertion brutale – comme peut l’être celle d’une construction de grande ampleur – d’une nouvelle construction tend à fracturer le tissu humain d’un quartier déjà dense par le nombre de ses habitants. Il convient donc d’être très prudent, et d’éviter la rupture d’un équilibre que les années ont modelé, parfois, il est vrai, dans la souffrance. Cette rupture peut éveiller, à notre époque, des sentiments troubles qui, en matière de religion, s’expriment parfois de façon agressive. Tout accomplissement de sentiments religieux se doit de composer avec le reste de la famille des humains : il s’agit d’un tissu très subtil, qui, s’il est rompu, peut susciter des réactions hostiles.


Actuellement, les religions, par certains côtés, s’affrontent dans le monde, permettant à quelques dévoyés d’y trouver des points de fixation pour déverser leur haine de l’humain. Il importe donc être très attentif : surtout, ne pas déclencher involontairement leurs débordements dévastateurs. Il faut donc éviter tout ce qui pourrait être assimilé à une provocation, et s’insérer avec douceur et tact dans un tissu humain douloureusement fragilisé par les agressions passées : ce devrait être la première préoccupation des responsables de ce lieu de culte.


Souhaitons qu’ils en prennent conscience, pour le bien du quartier et de tous ses habitants.

T.D., 3.12.2019


« La conscience est un trait d’union entre ce qui a été et ce qui sera, un pont jeté entre le passé et l’avenir. » (Henri Bergson, L’Énergie spirituelle, 1919)

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