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Le désordre – pour mieux faire voter la démolition

Après des années marquées par la rétention de toute information concrète, auprès des membres mêmes de l’ULIF-Copernic, concernant le projet de démolition de leur synagogue historique, le conseil d’administration sous son président, Jean-François Bensahel, opta pour un passage en force, afin de donner à son entreprise néfaste une façade de légitimité.


Donnant seulement quinze jours de préavis, le président convoqua la tenue des assemblées générales ordinaire et extraordinaire pour le 20 mars 2018. Il souhaitait faire voter la démolition de l’actuel édifice et son remplacement par un bâtiment neuf, destiné à servir de centre cultuel et culturel. Pour la toute première fois, le conseil d’administration consentit à fournir aux membres quelques documents succincts – marqués « Strictement confidentiel » – justifiant ce choix radical.


Tout fut conçu pour déjouer toute tentative d’un débat contradictoire.


En effet, la session s’étira démesurément en longueur : ouverture des portes à 20h, et fin de la séance à 23h45. Après une heure passée à vérifier et enregistrer les noms des adhérents inscrits et à jour de leur cotisation (ainsi que des pouvoirs dont ils étaient porteurs) pour l’assemblée ordinaire comme pour l’assemblée extraordinaire (deux tables différentes), la réunion put commencer à 21h seulement. L’attente dans la rue froide et le sas avait déjà passablement fatigué les membres de l’association.


On passa sans la moindre formalité requise pour une AG d’une association 1901/1905, à une nouvelle présentation du projet « Le Nouveau Copernic » par Jean Pistre et son assistant. Les questions autour du projet s’adressant au président et aux architectes ne purent se faire entendre qu’à partir de 21h50 et jusqu’à 22h45. Elles concernaient la mise aux normes acoustique de l’annexe, le nombre des places « gagnées » (entre 244 places existantes actuellement et 400 demandées), le caractère « timbre-poste » de la façade haussmannienne, l’utilisation du sous-sol comme salle de concert, salle de cinéma etc., l’escalier « colonne vertébrale de votre maison », le coût…


Pendant une heure et demie, les architectes et le président réitérèrent à l’identique la formule des « réunions d’information » de février et juin 2017, afin de persuader les membres à adhérer au projet. On peut noter néanmoins que tout en prétendant qu’il fallait agrandir le lieu, le nombre de places de la salle de culte ne passera guère de 244 à 300 (confusion de l’architecte et de l’assistance lors de la présentation de ces chiffres).


On ne parle que de reconstruire, de réhabiliter, etc. « Vous allez enfin pouvoir trouver et exprimer votre véritable identité, » dit l’architecte Jean Pistre.


Le vote à main levée de la première motion (« Qui opte pour la réalisation du Nouveau Copernic ? ») eut lieu à 22h30.


Dans les 2 heures prévues pour les questions concernant le « Nouveau Copernic », le vendredi 18 mars entre 16h et 18h, notre association, l’APPC, avait demandé par courriel que le vote se fît par scrutin secret. Nous réitérâmes cette demande avant la première motion. Elle nous fut refusée au motif que « nous continuons à faire comme nous l’avons toujours fait. Le mode de scrutin secret est appliqué seulement lors de l’élection des administrateurs ». Nous demandâmes que ce refus soit acté dans le compte-rendu, et celui-ci communiqué aux membres de l’association... Cette demande, portée par Jacqueline Escat, se perdit dans les désapprobations assez bruyantes de l’assemblée. On nous fit remarquer que la présence d’un huissier garantissait le respect des règles.


On passa aux questions de frais et de budget à 22h45.


Ici, un « détail » intéressant : contrairement aux communications antérieures, l’ULIF-Copernic n’a pas encore réussi à acheter la parcelle avoisinante (26, rue Copernic), indispensable à la réalisation du nouveau bâtiment.


Sur le plan officiel, le déroulement de la réunion fut caractérisé par un grand désordre général. Aucune formalité ne marqua l’ouverture de la séance, ni sa clôture. On ne nomma pas de président, pas de secrétaire de séance.


Tous les scrutins se firent donc à main levée, dans le chaos : l’énoncé de la motion était inaudible et illisible (à cause de l’écriture trop petite et trop rapidement effacée des images placées trop bas) dans le vacarme, et il était parfaitement possible de faire valoir, au hasard, un ou plusieurs pouvoirs, sans que cela posât problème. C’est ce que nous fîmes par mégarde. Ainsi firent aussi quelques employés de l’association ULIF qui participèrent au vote (contrairement aux statuts d’une association 1901/1905) « par mégarde ». On compta et recompta les « Ouï », les « Non », les abstentions, les pouvoirs dans un sens ou dans l’autre, mais on ne compta jamais a partir d’un nombre fixe de voix légitimées à voter (additionnant cotisants présents et pouvoirs)... Par ailleurs, en raison de l’heure tardive, la secrétaire dut se démener pour retenir ceux qui souhaitaient partir dès 22h. Des éclats de voix (d’anciens membres de l’ULIF refoulés à l’entrée N.d.R.) se firent entendre et engendrèrent une agitation alarmée dans l’équipe de sécurité. Tout cela rendait le comptage sérieux des voix tout simplement impossible.


En fin de compte, une personne, que nous supposions être l’assistante de l’huissier, annonça des résultats, nous notâmes, entre autres « 234 voix pour, et 36 contre » – pour ou contre la démolition ? Il n’y a plus de doute. Les résultats se perdirent dans les applaudissements et les ricanements des sympathisants du projet « Le Nouveau Copernic ». À 23h45, l’assemblée fut levée toute aussi informellement qu’elle avait commencé.


Le président dispose donc désormais des pleins pouvoirs pour réaliser son projet de destruction.

Le 6 avril 2018

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