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Six mois de combat pour sauver la synagogue de Copernic

Cela fait six mois déjà que l'APPC, l'Association pour la Protection du Patrimoine de Copernic, s'est constituée et s'oppose à l'actuelle projet de démolition/reconstruction de la synagogue Copernic, porté par son Conseil d'Administration, sous la présidence de monsieur Jean-François Bensahel. Tant de raisons continuent de motiver notre action. Nombreux sont ceux qui ne retiennent que les raisons sentimentales. Elles comptent en effet. La synagogue Copernic est pour nous, depuis des années, un lieu d'ancrage essentiel. C'est entre ses murs séculaires que nous nous sommes recueillis et que nous avons affronté nos chagrins. Nous avons tant donné de nous-mêmes à ce lieu, par nos chants et nos prières, qu'il fait partie de nous et nous relie à notre identité juive. Nous ne pouvons nous résoudre à ce qu'il soit détruit. Mais nos motivations dépassent largement le champ affectif. Il y a un patrimoine esthétique et architectural unique que nous devons conserver et transmettre. Celui d'une des rares synagogues Art Déco, celui de la plus ancienne synagogue juive libérale de France. Il y a un patrimoine historique. Copernic est un lieu de mémoire, celui de deux attentats (en 1941 et en 1980). Souvenir de ses déportés assassinés, témoin de la haine dont nous avons fait l'objet et de nos ressources pour la surmonter. Et nous le disons tout net : nous ne pouvons concevoir que des Juifs détruisent leur propre synagogue, lorsque tant de leurs ennemis n'ont rien souhaité de moins. Il y a aussi l'avenir de notre communauté. Nous sommes convaincus qu'en détruisant Copernic, notre communauté arrache ses propres racines. Nous souhaitons ardemment que Copernic joue un rôle important dans le paysage actuel du judaïsme français, en particulier le judaïsme libéral. Mais comment le pourra-t-il s'il détruit le seul témoin visible de sa légitimité : son ancienneté ? Il y a enfin le symbole. Le judaïsme libéral a depuis sa naissance vocation à trouver écho dans les cœurs et esprits de son époque, par une attention particulière à la modernité et aux mutations de son temps. D'où sa propension à la réforme, à l'innovation. Mais parce que le judaïsme libéral est avant tout judaïsme, cette réinvention de lui-même s’opère toujours à l'aune de son patrimoine, de sa mémoire. Pour lui, pour nous, moderniser c'est relire, c'est réinterpréter. C'est donc toujours dans la continuité qu'il s'inscrit, avec, chevillée au corps, la peur de dépasser les bornes, de se dénaturer et de tomber dans un des écueils de la modernité : la fuite en avant. Démolir Copernic, c'est symboliquement bafouer à la fois ce souci de continuité et des limites. Démolir Copernic, c’est détruire la crédibilité même de l’ULIF. Pour toutes ces raisons nous nous opposons à la démolition de la synagogue Copernic, et ce avec d'autant plus de vigueur que nous savons qu'elle n'est aucunement nécessaire, et que son coût, estimé à au moins 15 millions d’euros, est déraisonnable. Plusieurs architectes du patrimoine nous ont assurés que l'embellissement et l'amélioration de la sécurité du bâtiment actuel est tout à fait possible en conservant la salle de culte et la façade dans leur intégrité, et ce pour un coût moindre. Nous protestons contre le passage en force qu'est en train d'opérer le Conseil d'Administration présidé par Jean-François Bensahel, qui refuse de remettre en question la démolition de la synagogue Copernic, ignorant les plus de 4 500 signatures de notre pétition et les nombreux messages de soutien de personnalités et sympathisants de Copernic que nous avons reçus. Nous protestons contre le mensonge selon lequel la communauté aurait « adopté à l'unanimité ce projet », comme relayé à tort par Actualité Juive en juillet dernier. On nous a laissé entendre que le permis de démolir et de construire va être déposé en cette rentrée. Comme à l'accoutumée, aucune information claire n'est fournie par le président Jean-François Bensahel et son CA, qui continuent de préférer la rétention d'information à la concertation. Mais le temps presse. Pour combattre ensemble ce projet destructeur et irréversible, nous préparons, pour le mois de novembre, une conférence au sujet du « Style 1925, et la place de la synagogue Copernic dans le mouvement Art Déco ». Ce sera l’occasion de manifester notre volonté d’inscrire la sauvegarde de la synagogue de Copernic dans une réflexion plus large sur le patrimoine, et d’échanger avec ceux qui s’en sentent concernés. Bien au-delà d'un attachement à des pierres, la mémoire, la crédibilité et la pertinence de l'ULIF Copernic sont en jeu. Miles Frydman Président de l’APPC 6 septembre 2017


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